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  Ruinas del Ingenio La Demajagua
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Monument commémoratif

La date du 10 octobre 1868 marque le début de la guerre d’indépendance cubaine. Ce jour-là, le propriétaire de l’habitation sucrière La Demajagua, l’avocat Carlos Manuel de Céspedes (1819-1874), le Père de la Patrie, décida de libérer ses esclaves et les appela, en faisant tinter la cloche du domaine, à se joindre à la lutte pour la libération de Cuba. Le soulèvement reçu le soutien de nombreux patriotes, ce qui conduisit à la rédaction du manifeste de La Demajagua, déclaration de guerre à l’encontre du colonialisme et document contenant les objectifs de cette guerre pour les Cubains. Des propriétaires terriens créoles, des paysans, des esclaves, des artisans noirs ou métis libres s’unirent pour mener cette guerre. Par la suite, des ouvriers, des commerçants, des combattants étrangers, y compris des Espagnols convaincus que cette cause était une cause juste, se joignirent à eux. Les communautés de Manzanillo et de Bayamo furent étroitement associées à des faits historiques constitutifs de la naissance de la nation cubaine : la création de l’hymne national et du premier drapeau de l’insurrection.  L’idée de l’indépendance à l’égard de la métropole est associée à celle de la libération des esclaves et à celle d’un projet de nation intégrant tous les groupes humains sans exception.
 
Cuba possède ce genre de sites où l’histoire est toujours présente comme, par exemple, à travers le son d’une cloche qui symbolise la libération coloniale et la lutte contre l’esclavage des Africains et de leurs descendants. Le son de cette cloche a marqué le début de la Guerre des Dix ans (1868-1878), période de lutte qui a amorcé le déclin du colonialisme espagnol.
  
La Demajagua, ancienne habitation sucrière située dans les environs de Manzanillo (actuelle province de Granma), une de ces centaines de petites exploitations existantes dans l’île en raison du développement, alors récent, de l’industrie sucrière, joua, sans véritablement le chercher, un rôle important dans l’histoire de Cuba.

C’est précisément par le soulèvement des esclaves et des surveillants de ce domaine – qui travaillaient jour après jour dans les vastes champs de cannes à sucre –, que prit naissance le mouvement populaire qui allait conduire à l’affrontement armé entre les créoles et la métropole européenne.
     
Seuls quelques vestiges de l’habitation sucrière sont parvenus jusqu’à nous, plusieurs facteurs, dont la guerre et les intempéries, ayant provoqué la destruction de celle-ci. Ces événements n’ont cependant pas pu venir à bout des roues dentées qui faisaient partie de sa machinerie et qui aujourd’hui s’élèvent majestueusement à l’ombre d’un arbre.
  
La cloche, témoin et acteur des faits, est considérée comme un objet ayant une valeur historique, y compris par les nouvelles générations. Elle suscite également la curiosité et l’intérêt de milliers de visiteurs qui viennent à la découverte du passé de l’île et profitent en même temps des attraits de celle-ci.

La Demajagua, qui est devenue le Parc national du même nom, se trouve dans la province de Granma (à l’est du pays). Elle est cernée par une zone montagneuse où se mêlent harmonieusement la nature et les traditions et où s’est déroulée une partie importante de l’histoire insurrectionnelle de Cuba.

Les traditions et les expressions orales ayant trait au soulèvement du 10 octobre 1868 (contes, chansons, légendes patriotiques) ont dépassé le domaine historique pour faire partie de celui de l’imaginaire populaire. Les arts du spectacle sont illustrés par les groupes qui se rendent chaque année au monument afin de participer aux commémorations organisées à l’occasion de l’anniversaire de cette date historique et mettent en scène la libération des esclaves et leur participation massive à la Guerre de Dix ans. Les pratiques sociales, les rituels et les événements festifs sont illustrés par les pratiques du spiritisme de cordón, expression religieuse propre à cette région dans laquelle les fidèles invoquent les ancêtres congos lors des rites de guérison. La vision du monde qui se dégage de cette pratique religieuse montre une évidente connaissance de la nature et de l’univers, en particulier de l’emploi de l’énergie attribuée aux ancêtres à des fins curatives. Chaque année, des spectacles sont organisés afin de commémorer cet événement historique.     

Cet espace culturel est un site de pèlerinage patriotique : c’est le 10 octobre 1868 que la Guerre de Dix ans débuta et que les insurgés décidèrent de libérer leurs esclaves. Cet événement précipita la proclamation de l’abolition de l’esclavage (1886). Par ailleurs, La Casa de la Nacionalidad de Bayamo célèbre tous les 20 octobre – en même temps qu’un congrès scientifique annuel – le Jour de la culture nationale. Ce jour a été choisi car c’est un 20 octobre que, pour la première fois et quelques jours seulement après le début des combats, a été chanté en public l’hymne de Bayamo qui est encore aujourd’hui l’hymne national de Cuba (la tradition orale rapportant qu’à l’origine cet hymne était chanté clandestinement). Ce site de mémoire associe symboliquement la lutte contre la domination coloniale, la naissance de la Nation et la libération des esclaves Africains et de leurs descendants. Cet événement constitue en quelque sorte la prolongation sur l’île du mouvement indépendantiste continental et la concrétisation des idées antiesclavagistes que défendait, depuis la première moitié du XIXème siècle, le secteur le plus avancé de l’intelligentsia cubaine. Ce site de mémoire est porteur de valeurs éthiques essentielles pour la condition humaine, un des trésors les plus précieux du patrimoine culturel vivant. Les valeurs exaltées par le soulèvement de La Demajagua, telles le sentiment d’attachement à la liberté nationale (aussi bien dans le contexte caribéen que latino-américain) sont enseignées.

Compte tenu de son emplacement géographique, le site ne peut pas accueillir un tourisme de masse. Compte tenu du fait que ses valeurs sont essentiellement historiques, il est plutôt destiné au tourisme culturel ou spécialisé dans des questions historiques. Il ne dispose pas d’une infrastructure touristique (seulement des parkings) et on peut y accéder relativement facilement. 

Le musée du site collabore avec l’école primaire de la petite communauté voisine et reçoit régulièrement des élèves de différents niveaux provenant de tout le pays, en particulier de la ville de Manzanillo, qui est située à 12 km du site.